Ci-contre, l’oraison funèbre prononcée par le Vice-premier ministre, secrétaire général du Comité central aux obsèques de S.M. Ibrahim Mbombo Njoya, membre du Bureau politique, chef de la délégation permanente régionale du Comité central pour l’Ouest, le samedi 9 octobre 2021 à Foumban.
C’est avec effroi et stupéfaction que le Secrétariat Général du Comité Central a appris le décès inattendu du Sultan des Bamoun, le Sultan IBRAHIM MBOMBO NJOYA, qui a été frappé par la maladie en plein renouvellement des Bureaux des Organes de Base du RDPC, dont il conduisait personnellement les opérations dans la région de l’Ouest, comme à son habitude, avec maestria, tact et délicatesse, dans un contexte particulièrement animé, marqué par un extraordinaire engouement des militants et la révélation d’innombrables et fortes ambitions.
Peu de temps avant sa maladie, nous nous étions rencontrés dans son humble et noble résidence sise au quartier de la Briqueterie à Yaoundé, cette demeure toujours ouverte où il accueillait, en tout temps, ses compatriotes de toutes conditions et de toutes origines en toute simplicité.
Nous nous sommes longuement entretenus ce jour-là, je dirais même plus longuement que d’habitude, et il m’a décrit, avec son enthousiasme habituel, les projets qu’il nourrissait pour l’animation du Parti dans la Région de l’Ouest au lendemain du renouvellement des Bureaux des Organes de Base. Alors que nous échangions sur différents sujets, nous étions loin de nous douter que nous partagions nos derniers moments ensemble…
Ainsi donc, le Camarade IBRAHIM MBOMBO NJOYA, membre du Bureau Politique, Sénateur, Chef de la Délégation Permanente Régionale du Comité Central pour l’Ouest est tombé au front, les armes à la main.
Il s’en est allé, comme un vaillant chevalier, en service pour le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais dont il aura été l’un des symboles les plus remarquables de la dynamique de progrès, le RDPC qu’il a vu naitre à Bamenda en 1985, en tant que délégué lors du Congrès fondateur au cours duquel il a activement œuvré pour le choix du nom du Parti, le RDPC qu’il n’a jamais cessé de soutenir et d’accompagner dans sa maturation continue, par sa grande stature, sa forte personnalité et la vigueur de ses idées.
Avec la disparition de IBRAHIM MBOMBO NJOYA, le RDPC perd incontestablement un militant d’exception. Un dinosaure vient de nous quitter. En moins de deux ans la famille royale perd ses têtes de proue puisqu’il faut citer aussi la princesse RABIATOU NJOYA et mon ami d’enfance le Ministre ADAMOU NDAM NJOYA.
Qu’il me soit permis, à l’entame de mon propos de m’acquitter du noble devoir de présenter à la famille si douloureusement éprouvée et aux membres de la Cour Royale Bamoun les profondes condoléances et la compassion émue du Président National du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, Son Excellence Paul BIYA et celles de son épouse Madame Chantal BIYA, Présidente d’honneur de l’OFRDPC.
A ces sentiments du couple présidentiel, nous associons ceux de la grande famille du RDPC et du Secrétariat Général du Comité Central auxquels je joins, très humblement, les miens propres et ceux de l’importante délégation qui m’accompagne, délégation dont la composition témoigne de la très haute considération du Parti envers l’illustre défunt et le grand et artiste peuple Bamoun.
Comme vous pouvez vous en douter, la disparition d’IBRAHIM MBOMBO NJOYA est une véritable tragédie pour le RDPC, s’agissant du patriarche politique effectif de l’Ouest ayant vu naître successivement l’Union Camerounaise (U.C) dans les années 60, l’Union Nationale Camerounaise (UNC) en 1966 avant de contribuer comme relevé ci-dessus à l’avènement du RDPC à Bamenda en 1985. Il reste aussi, il faut le dire, le témoin incontesté et incontestable de l’historique et fructueuse Conférence de Foumban consacrant la réunification du Cameroun.
Pour notre part, il nous sera très difficile de nous résoudre à évoquer le défunt au passé et à nous contenter désormais du souvenir, aussi intense fut-il, de notre long cheminement commun tant au sein du RDPC que dans la marche de la société camerounaise, dans le sillage du Président National, Président de la République, Son Excellence Paul BIYA.
En effet, IBRAHIM MBOMBO NJOYA fait partie de ces personnalités qui ont parié sans calcul sur le Renouveau dès son avènement, à l’accession du Président Paul BIYA à la Magistrature Suprême.
Ainsi, au lendemain du 6 novembre 1982, lorsque des initiatives hasardeuses et désespérées surgissent pour remettre en selle le Président de la République démissionnaire, après la passation de pouvoir à son successeur constitutionnel, IBRAHIM MBOMBO NJOYA est sollicité comme acteur majeur et pièce maîtresse pour organiser et conduire un projet séditieux. Il décline radicalement et vertement l’offre, brisant ainsi l’échine aux premières manœuvres de rébellion contre le nouveau régime.
Nous pouvons témoigner qu’il s’est consolidé de cet épisode de l’histoire du Renouveau, quasiment taillée dans un socle granitique, une relation singulière entre le Président Paul BIYA et le Sultan IBRAHIM MBOMBO NJOYA, caractérisée par la loyauté et la fidélité sans faille du Sultan envers le Président et la confiance totale du Président envers le Sultan.
Cet homme de foi pétri de convictions, cet homme de culture passionné pour l’Homme, cet homme d’esprit moulé dans la spiritualité, ce patriote hors pair, ce baron parmi les barons avait la liberté de pensée et le courage de dire, et son propos, parfois incisif, ne laissait jamais indifférent et invitait au refus de l’immobilisme.
C’était un grand patriote qui vouait un grand amour pour son pays et attachait le plus grand prix à son unité, à sa stabilité, à la paix et à son développement.
Si la culture était sa passion et la paix son obsession, Ibrahim MBOMBO NJOYA n’envisageait jamais l’un sans l’autre, convaincu, comme il aimait à le répéter, que le meilleur chemin d’accéder à la paix était la culture, en tant que lieu privilégié de confrontation des différences, de formation à la tolérance et au respect mutuel.
On retiendra ainsi tout son engagement pour créer l’harmonie et la considération mutuelle entre les Chefferies bamiléké et bamoun, entre les chefferies du Grand Nord, les Chefferies du Nord-Ouest et les Chefferies de l’Ouest.
Nous ne pouvons pas oublier tout le soutien qu’il apportait à la chefferie traditionnelle dans son ensemble, en insistant sur le fait que la valeur d’une autorité traditionnelle ne se mesurait point à sa catégorie d’appartenance mais à la relation qu’il entretenait avec la culture et les traditions dans le développement local. Cette manière de voir avait d’ailleurs fait de IBRAHIM MBOMBO NJOYA une autorité traditionnelle dont l’influence s’étendait hors de nos frontières.
On retiendra également ses périples interminables pour prêcher la paix sur l’ensemble du territoire national, de Kyé-Ossi à Douala, de Makénéné à Abong-Mbang, dénonçant le tribalisme, atténuant les rivalités, appelant à la responsabilité des autorités traditionnelles, invitant toujours à privilégier les facteurs de convergence au détriment des éléments d’exclusion et de division.
Bref, il aura été champion de la promotion de la protection des minorités aussi bien que du renforcement de l’intégration sociale ou plus précisément du vivre ensemble surtout dans le Littoral et l’Ouest.
Lors du Grand Dialogue National, il arpentait les couloirs du Palais du Congrès, allant à la rencontre de tous, sans distinction, pour rappeler la nécessité nationale d’exorciser les maux de la violence dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême Nord.
A cet égard, il avait établi la promotion de la culture du peuple Bamoun, désormais inscrite au patrimoine de l’humanité dans certains de ses aspects grâce à son entregent, parmi les principales priorités de son action dans sa posture de Sultan.
La profondeur et la fluidité de nos rapports nous permettent d’attester que le Sultan IBRAHIM MBOMBO NJOYA nourrissait le grand projet de réaliser l’unité du peuple Bamoun, et il ne comprenait pas que les aléas et les avatars de la compétition politique compromettent cette unité forgée patiemment depuis des millénaires et assumée par la communauté de siècle en siècle, par-delà les péripéties d’une histoire qui n’a jamais vraiment été un long fleuve tranquille.
Notre vœu est de voir éclore désormais la prise de conscience de l’unité du peuple bamoun tant souhaitée par tous les fils et filles du Noun sous la conduite éclairée et inspirée du nouveau Sultan dont la vigilance et le dynamisme devront être d’autant plus grands que l’épée de la paix qu’il reçoit quitte aujourd’hui non pas le dernier des humains mais une personnalité forte et à dimensions multiples. Le Noun est le berceau des peuples de princes condamnés à marcher sur la route carrossable bannissant à jamais les sentiers hasardeux. Le RDPC se tiendra à leurs côtés comme par le passé dans cette lutte de la recherche de la paix et de la cohérence entre ses fils.
Il appartiendra désormais à l’histoire de restituer la fantastique épopée du Sultan MBOMBO NJOYA qui vient de s’achever dans son authenticité.
C’est une épopée qui a traversé le siècle dernier et qui inspirera et enchantera sans doute les générations présentes et futures, parce qu’elle s’inscrit dans une démarche d’unité, de progrès et de démocratie qui sont les ferments du projet d’avenir du Président Paul BIYA pour le peuple camerounais, au-delà du fait qu’il s’agit de la devise bien connue du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais.
Pour notre part, en qualité de Secrétaire Général du Comité Central du RDPC, nous voulons réitérer notre soutien à tout le peuple Bamoun en ces temps difficiles et rendre l’hommage qui lui est dû à notre camarade, membre du Bureau Politique, Sénateur, Chef de la Délégation Permanente Régionale du Comité Central pour les immenses services rendus au Parti et à la Nation.
Sultan IBRAHIM MBOMBO NJOYA, cher Camarade, cher grand frère,
Vous pouvez être fier de l’immense œuvre que vous avez accomplie pour le peuple bamoun, le RDPC et le Cameroun.
Soyez assuré que nous poursuivrons, sous la houlette du Président National, son Excellence Paul BIYA à qui vous étiez totalement dévoué et attaché, l’œuvre de construction de notre Pays que nous avons si bien amorcée ensemble.
Ce sera pour nous une responsabilité politique et un devoir de mémoire.
En attendant et comme l’œuvre finie tombe dans l’infini, je ne saurais terminer mon propos à votre égard, au regard de ce que nous avons été l’un pour l’autre, sans rappeler ce que pensait Victor HUGO : à savoir que ceux qui pieusement comme vous sont morts pour la patrie et pour leur famille politique ont droit qu’autour de leur cercueil la foule et les militants viennent et prient, entre les plus beaux noms votre nom étant le plus beau. C’est ce que font ici aujourd’hui au Palais de Foumban le peuple et les militants du RDPC.
Cher Grand Frère allez et reposez en paix et que la noble terre de vos ancêtres vous soit à jamais légère.