Officiellement installés dans leurs fonctions par le secrétaire général du Comité central Jean Nkuété, jeudi 20 août 2020, les membres de la Commission de discipline ad hoc sont désormais à pied d’œuvre au siège du Parti.
L’heure a en effet sonné pour ces « brebis galeuses » qui ont ramé à contre-courant des directives du Président national du Rdpc, Paul Biya, pendant le processus de désignation des membres des exécutifs communaux, de payer pour avoir foulé aux pieds des lois et règlements du Rdpc. L’indiscipline étant, au sens de l’article 31 de ces statuts, « le fait pour tout membre du parti de contrevenir aux objectifs du Parti définis à l’article 2 des présents statuts ou de refuser d’appliquer les décisions prises par ses organes ».
Pendant huit jours (du 24 au 31août), Peter Mafany Musonge et ses 14 collaborateurs auront à cœur, selon la feuille de route qui leur a été définie, de « connaître des cas d’indiscipline relevés lors des élections législatives et municipales du 9 février 2020 ». Après leur installation, les 15 membres de la « Commission Musonge » ont immédiatement lancé leurs travaux, à huis-clos, au nom de l’immense majorité des militants, à qui le respect de la discipline ne pose aucun problème, et qui en mesurent les vertus, tout en appréciant l’importance et la nécessité. Convaincus comme ils sont, à l’épreuve des faits, comme l’a relevé le secrétaire général, que « la discipline collective constitue le ferment des succès récurrents du Rassemblement démocratique du peuple Camerounais, surtout en ces temps de dérive généralisée de l’éthique politique ».
Ce sont donc au total près de 90 cas d’indiscipline qui seront scrutés par la commission Musonge, à qui Jean Nkuété a recommandé « courage, sérieux rigueur et objectivité », tout en ayant pour principale préoccupation l’intérêt supérieur du Parti. « Votre mission est de corriger et de sanctionner. Mais au-delà, (…) vous devez contribuer à l’avènement d’un ordre disciplinaire nouveau au sein du Parti, en éveillant la conscience de chaque militant comparaissant devant votre instance sur le bien-fondé de la discipline », a précisé le secrétaire général du Comité central. Il convient de relever d’ailleurs, à la suite de Jean Nkuété, que la réactivation de la commission de discipline ad hoc, composée dans son ensemble de personnalités y ayant fait partie dès sa création par le Président national, Paul Biya, au lendemain du double scrutin législatif et municipal du 30 octobre 2013, répond à une forte interpellation des militants de base et obéit à une nécessité de bon fonctionnement et d’efficience du Parti, face à des dérives graves souvent délibérées ou intriguées, qui apparaissaient comme des affronts envers le Rdpc.
La carotte et le bâton
Le respect de la discipline ici signifiant particulièrement, et ça, le SG l’avait également souligné en son temps, « qu’aucune candidature alternative ne sera proposée au vote à la session de plein droit, en dehors de celles qui auront été validées pendant les délibérations au sein du Groupe communal Rdpc ».
Malgré ces mises en garde, tout au long du processus et notamment pendant le choix des membres des exécutifs municipaux, certains militants ont été pris en flagrant délit d’indélicatesse avec la discipline, au sens de l’article 31, alinéa 1 des Statuts du Rdpc. Çà et là, sur le terrain, en effet, la pilule de la discipline du Parti avait été particulièrement difficile à avaler.
Par exemple, à Maroua, faute de discipline, le Rdpc avait été opposé au Rdpc, à travers le maire sortant, Hamadou Hamidou, qui avaient défié son challenger Issa Youssouf Balarabé. Le fils du milliardaire était à son tour soupçonné d’avoir « influencé » le choix des conseillers municipaux, trois jours plus tôt.
A Ayos, alors que les travaux au sein du groupe communal Rdpc avaient abouti à la désignation de Paul Ndongo, la veille, contre toute attente, Patrice Amba Salla avait cru devoir se présenter à nouveau, en session de plein droit, au grand dam du président du groupe communal et des autres camarades.
Scénario identique à Yaoundé 4 où S.M. Bihina Efila avait dû affronter à nouveau Régine Amougou Noma devant le préfet, après la raclée à elle infligée auparavant. Fidèle à lui-même à Yaoundé 6, St Eloi Bidoung avait une fois de plus joué les trouble-fête lors de la session de plein droit qui avait consacré la victoire de Yoki Onana. A Monatélé, les conseillers municipaux du Rdpc avaient, lors de la session de plein droit, carrément fait défection en votant pour Célestin Bedzigui, candidat de l’opposition, au poste de premier adjoint au maire, faisant ainsi subir une défaite à leur propre camarade. La situation n’avait pas été bien différente à Kobdombo, Obala, Elig-Mfomo, Ngoumou, Nguelemendouka, Akom II et de nombreuses autres localités, où des militants, des mandataires et des candidats du Rdpc s’étaient sont illustrés par leur indiscipline.
Que risquent les mis en cause ?
Ce n’est pas la première que des procédures disciplinaires sont enclenchées à l’encontre des militants « véreux ». L’on se souvient en effet qu’au lendemain du double scrutin du 30 septembre 2013, de nombreux cas d’indiscipline avaient été observés tant pendant la campagne électorale que lors de la désignation des exécutifs communaux. Le Président national avait alors prescrit la traduction de tous les mis en cause devant la commission de discipline du Comité central, en application des articles 31 et 32 des statuts du Rdpc.
A cette occasion, de nombreuses sanctions avaient été infligées à ceux qui avaient cru devoir prendre des libertés avec la discipline du parti, allant de l’avertissement à l’exclusion définitive. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il n’est pas impossible que les instances disciplinaires du parti aient la main particulièrement lourde cette fois-ci.
Ce d’autant plus que leurs dossiers se trouvent entre les mains d’une commission crédible, redoutée et respectée, à l’image de son président, le membre du Bureau politique Peter Mafany Musonge, dont la rigueur et l’objectivité ne font l’ombre d’aucun doute.
En refusant de se plier ou d’appliquer les décisions prises par les organes du Parti, ces militants ont fortement contribué à contrevenir aux objectifs du Parti, tels que définis à l’article 2 des Statuts. Les sanctions encourues, telles que prévues l’article 33 de ces statuts, sont nombreuses et réparties en deux catégories. La première est constituée de l’avertissement, du blâme et de la suspension individuelle des fonctions à l’égard d’un membre. Ce sont les seules qui peuvent être prononcées au niveau des organes de base. Les sanctions disciplinaires de deuxième catégorie quant à elles sont les plus sévères et ressortissent de la compétence de la Commission de discipline du Comité central. Il s’agit de la suspension collective de ses fonctions à l’égard du bureau d’un organe de base, la dissolution d’un organe de base, la déchéance des fonctions, l’exclusion temporaire et l’exclusion définitive. Mais cette Commission peut également infliger des sanctions de première catégorie. Chaud devant donc…